Porc : investir pour l’avenir Porc : investir pour l’avenir
Michèle et Guy Diridollou, producteurs bretons de porcs de 55 et 57 ans, ont restructuré leur élevage pour conserver un outil performant à transmettre.
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Continuer d’investir ou pas ? En dernière partie de carrière, il n’est pas toujours facile de choisir lorsqu’on n’a pas de visibilité sur le prix de ses produits. Michèle et Guy Diridollou, producteurs de porcs de cinquante-cinq et cinquante-sept ans à Bourbriac, dans les Côtes-d’Armor, ont opté pour la première solution. Ils ont modernisé leur élevage en rapatriant tout l’engraissement sur le même site en 2016. Un choix qui s’avère payant, car il permet de meilleurs résultats techniques et améliore leursconditions de travail. En outre, ils sont aujourd’hui à la tête d’un outil fonctionnel, qui a permis l’installation de Cédric Le Bars, leur gendre.
« Fin 2014, le relèvement de 15 000 à 20 000 unités d’azote du seuil d’obligation de traitement du lisier en zone d’excédent structurel, dans le cadre du cinquième programme d’actions de la directive nitrates, et des soucis sanitaires sur l’élevage nous ont fait réfléchir », se souvient Guy. À l’époque, l’exploitation comptait 160 truies en multiplication (production de cochettes), pour une surface de 70 hectares. Une partie des porcs charcutiers étaient engraissés à l’extérieur, du fait de la réglementation environnementale.
Des Résultats dégradés
« Les performances zootechniques n’étaient pas satisfaisantes, car le façonnage était souvent réalisé dans des bâtiments vieillissants, poursuit l’éleveur. Mais à l’achat, nous ne trouvions que des constructions hors d’âge, remplis de fibrociment amianté. Pourtant, il fallait réagir. Sinon, les résultats allaient continuer de se dégrader. » Le couple a donc décidé d’arrêter la production de cochettes et d’engager des travaux, accompagné par son groupement de producteurs Evel’Up.
Dès octobre 2015, la maternité a été agrandie pour accueillir 9 places supplémentaires et 340 autres, de postsevrage, ont été créées. Par ailleurs, un bâtiment d’engraissement de 1 176 emplacements avec un quai d’embarquement a vu le jour en 2016. L’ancien édifice dédié à l’engraissement a été rénové, car les associés ont profité de la réorganisation pour passer toute l’alimentation des porcs charcutiers en soupe en construisant une fabrique d’aliment à la ferme (FAF). « En optant pour les bâtiments standard, nous avons privilégié les aspects fonctionnels et économiques. Avec la fabrication d’aliment, l’objectif était d’optimiser notre coût de production. » Les investissements, très importants, ont atteint 960 000 euros, la FAF comprise.
Grâce à cette refonte de l’élevage, les éleveurs ont très vite vu les gains sur le plan technique et sanitaire. Le nombre de porcs produits par truie et par an est passé à 31 cette année, contre 26 auparavant. En trois ans de fonctionnement, l’indice de consommation a gagné 0,17 point (2,68, contre 2,85 en 2016). Grâce à un meilleur état sanitaire, les dépenses de santé se sont également réduites, pour passer de 103 à 95 euros par truie.
« Nos conditions de travail se sont améliorées. C’est important au quotidien. Nous n’avons plus à nous préoccuper du transport des animaux lié à la prestation de façonnage. Le travail avec la FAF est plus plaisant », témoignent les éleveurs. En tant que nouvel investisseur, ils ont intégré, par l’intermédiaire d’Evel’up, une démarche de contractualisation avec l’abattoir JPA (Josselin porc abattage, groupe Intermarché). Elle leur permet un engagement sur le prix pendant cinq ans pour 50 % de leurs porcs. « C’est plus sécurisant. Sans les travaux, nous n’aurions pas pu répondre au cahier des charges qui impose, notamment, un quai d’embarquement d’un camion complet au minimum, soit 200 porcs. »
Un nouvel élan
Autant d’arguments qui confortent le choix des producteurs. « Nous nous sentons mieux psychologiquement pour passer les crises, estiment-ils. Auparavant, l’exploitation était sensible à la conjoncture. La situation est plus équilibrée, malgré les 100 000 euros d’annuités d’emprunt. » Cerise sur le gâteau, après huit années passées comme salarié agricole en production laitière, leur gendre Cédric a souhaité s’installer. La reprise de foncier à cette occasion offre une autonomie alimentaire plus satisfaisante. « Nous mettre en “mode projet”, nous a donné un nouvel élan », affirment les éleveurs, qui ont aussi installé un pont-bascule et des panneaux photovoltaïques pour l’autoconsommation.
Isabelle Lejas
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